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L’octodon, une espèce invasive ?

L’Octodon degus est-il une espèce invasive, et si oui, va-t-il être interdit dans certains pays? La question des espèces animales invasives se pose déjà depuis plusieurs décennies. Certaines espèces sont bien connues pour leur caractère invasif, comme la tortue de Floride ou alors l’Ouette d’Égypte. Mais qu’en est-il de l’octodon, qui présente déjà des caractères invasifs dans certaines régions du monde.

Qu’est-ce qu’une espèce invasive ?

Une espèce invasive est une espèce qui s’est installée dans un écosystème et qui menace directement l’équilibre de ce dernier. Il est possible que certaines espèces s’installent dans des environnements, sans pour autant être invasives, car elles ne mettent pas en péril la faune et la flore locale. La plupart des espèces invasives découlent de l’activité humaine((Invasive alien species)), qu’elles aient été introduites volontairement ou non. Les espèces invasives sont reconnues comme une cause de la destruction des habitats naturels, au même titre que la pollution, la surexploitation des ressources …

Illustration octodon degus
Illustration par Valonia Art

Le cas de l’Octodon degus

L’octodon est un animal de compagnie relativement nouveau. Il a été importé en France à la fin du siècle dernier avant de commencer à devenir un animal de compagnie. Il est maintenant proposé dans le monde entier comme un compagnon à part entière. Cependant, il est considéré dans beaucoup de pays comme un animal non domestique et soumis à des lois sur sa détention et sa vente. 

Des octodons sauvages ont déjà été observés hors de sa zone géographique naturelle((Chilean rat found in the wild; ERA assessing status)). Ceux-ci ont probablement été relâchés par l’Homme ou se sont enfuis. Cependant, cela peut présenter de nombreux risques, s’il s’avère que l’octodon est une espèce invasive dans certains écosystèmes.

Législation et détention de l’Octodon degus

En Europe, les degus sont la plupart du temps considérés comme des animaux non domestiques, ce qui soumet à condition leur détention dans des cas précis. En France, par exemple, l’élevage et la vente sont soumis à la détention d’un certificat de capacité((Arrêté du 2 juillet 2009 fixant les conditions simplifiées dans lesquelles le certificat de capacité pour l’entretien des animaux d’espèces non domestiques peut être délivré)).

Jeunes octodons degus
Les jeunes de Brindille, quelques jours après la naissance.

Aux États-Unis d’Amérique, il est interdit dans certains états, comme pour l’état de Georgie et de Californie, mais autorisé sans permis spécifique dans d’autres états comme pour le Nebraska((Nebraska Administrative Code. Game and Parks Commission. Title 163: Nebraska Game and Parks Commission. Chapter 4 – Wildlife Regulations. 008 Keeping Wildlife in Captivity)), le New Hampshire((State of New Hampshire. Division of Administrative Rules. Executive Director, Fish and Game Department [Fis]. Chapter Fis 800. The Importation, Possession and Use of All Wildlife. Part Fis 804. Possession of Wildlife.)), ou le Massachusetts((Code of Massachusetts Regulations. Title 321: Division of Fisheries and Wildlife. Chapter 9.00: Exotic Wildlife. 9.01: Exemption List)). En réalité, on trouve l’Octodon degus presque partout aux États-Unis sans trop de problèmes, même dans les états où il est censé être interdit.

Au Canada, il n’est pas inscrit dans la liste des espèces étrangères à surveiller ou soumis à des permis de détention, cependant, il est interdit de les relâcher dans la nature((Exotic Species Regulations: Regulations: Travel, Possession Travel, Possession and Important Import and Export))((Wild Life Act)).

En Amérique du Sud, il n’est pas considéré comme un animal de compagnie et est rarement détenu comme tel. Il est principalement détenu dans le cadre de recherches scientifiques.

En Asie, peu d’informations sont disponibles à ce sujet. Les octodons sont vendus au Japon dans des animaleries et de nombreuses personnes en détiennent en tant qu’animal de compagnie.

En Australie, il n’est pas inscrit sur la liste des espèces interdites, mais comme la plupart des animaux, il est interdit à l’importation dans le pays((Unique or exotic pets)). De même pour la Nouvelle-Zélande, qui refuse l’importation d’animaux de compagnie en dehors des chiens, chats, cochons d’Inde,  lapins et chinchillas((Bringing pets to NZ (other than cats and dogs))).

L’octodon, invasif?

À ce jour, l’octodon n’est pas considéré comme invasif dans le monde ni en Europe((Liste d’espèces invasives – Centre de ressources EEE)). Cependant, il est toutefois fort probable que des populations sauvages arrivent à s’implanter dans des environnements proches de son habitat naturel, voire s’adapter à des nouveaux écosystèmes. C’est pourquoi il faut contrôler les populations d’animaux dits “exotiques”, pour éviter qu’ils ne soient relâchés dans la nature. 

Plusieurs octodons ont été retrouvés errants dans certains pays, probablement abandonnés. Mais récemment à Malte((Chilean rat found in the wild; ERA assessing status)), une colonie a été observée. L’autorité de surveillance de l’environnement doit alors évaluer le statut de l’espèce, qui est potentiellement invasive. L’octodon est présent à Malte depuis 2018, et de nombreux individus ont été capturés dans des environnements variés (Albert Town, au golf de Marsa, à Wied Blandun, Corradino, Buskett, Girgenti, Wied l-Isqof et Wied il-Għasel). Cependant, l’établissement d’une colonie pose un sérieux problème environnemental. Les octodons de Malte semblent s’établir dans les zones humides, propices à leur développement((Unwelcome Chilean rodent joins the island’s rat pack)).

Octodon degus en gestation
Brindille, à quelques jours de sa mise bas.

Conclusion

Quelle qu’en soit la raison, l’abandon d’un animal de compagnie ne doit pas se faire dans la nature. Cela pose de réels problèmes environnementaux et impacte directement les écosystèmes locaux. De plus, l’abandon de l’Octodon degus peut mener à son interdiction dans de nombreux pays, s’il s’avère devenir une espèce invasive. Il est toujours possible de céder ses animaux à des associations, qui s’occuperont de trouver une nouvelle famille à ces rongeurs!

Sources

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