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Peut-on avoir un octodon solitaire ?

L’Octodon degus est un rongeur avec un mode de vie grégaire, constitué de clans, qui vivent parfois proches des uns et des autres. On peut retrouver dans ces clans un nombre d’animaux variables entre 4 à 6 femelles et 1 à 2 mâles pour les plus nombreux((Octodon degus – Charles A. Woods and David K. Boraker)). Lorsqu’un terrier est surpeuplé, l’octodon “migre” vers un autre territoire, essayant de s’intégrer dans une nouvelle demeure, permettant ainsi de brasser génétiquement la population. La plupart des clans sont constitués d’octodons qui n’ont pas de lien de parenté. De manière générale, les octodons ont tendance à changer régulièrement de terrier.

On remarque donc une migration régulière est assez nombreuse de l’octodon, qui se traduit par sa propagation dans l’environnement, mais également un changement régulier de partenaires de vie((Instability Rules Social Groups in the Communal Breeder Rodent Octodon degus)). Or, tout ceci est impossible en captivité, car serait trop complexe et prendrait beaucoup (trop) de places pour essayer de le reproduire.

À cela s’ajoutent les nombreuses spécificités de l’octodon, qui a un comportement social complexe et de nombreux moyens de communication. Tout cela pose une question pour sa détention en captivité. Est-ce qu’un octodon est capable de vivre seul dans de bonnes conditions ?

Cet article est avant tout basé sur des opinions et une longue expérience de la captivité de l'octodon, ainsi que des discussions avec de nombreux autres propriétaires plutôt que sur des faits scientifiques. Cela s'explique avant tout par le fait que la solitude chez l'octodon n'est pas (encore) étudiée et qu'il s'agit d'un sujet très particulier, en rapport avec la captivité. Cependant, cet article est le fruit d'une observation et d'une expérience prolongée des groupes d'octodons, qui est tout de même intéressante à prendre en compte. Le sujet de la solitude revenant régulièrement auprès des propriétaires, il nous a semblé indispensable de le traiter sur le site Octodons.fr.

La solitude chez l’octodon

Pour tout de suite répondre à la question, oui un octodon peut vivre seul… Oui et non. Comme dans toute situation, cela dépend. Certains octodons peuvent vivre seuls, alors que d’autres ne le supporteront absolument pas. D’autres enfin, préfèreront voir et sentir des congénères, tant que ces derniers ne mettent pas une vibrisse dans leur territoire. Enfin, cela peut fluctuer au cours de la vie de l’octodon, qui peut accepter mieux la solitude à un certain âge puis avoir besoin d’un compagnon à un autre moment de sa vie.

Il n’y a pas de règles fixes à ce sujet, mais plutôt des points de vue, et une adaptation du propriétaire qui n’est possible qu’avec une bonne connaissance de son octodon (caractère, histoire, …) et des besoins de l’espèce.

Il convient donc d’être très prudent aux injonctions et aux conseils malavisés concernant les octodons solitaires. C’est avant tout au propriétaire de choisir et sur la base du comportement de son compagnon. La plupart des propriétaires souhaitent faire au mieux et la perte d’un animal ou l’inquiétude de bien faire peut être très stressant et apporter une charge mentale important au quotidien. Cependant, il convient de préciser que dans une étude récente, les femelles d’âge moyen qui ont été isolées sur une longue durée ne présentent pas un niveau de stress supérieur aux octodons qui vivent en groupe((Effects of long-term individual housing of middle-aged female Octodon degus on spatial learning and memory in the Barnes maze task)). Cela affecte par contre leur capacité de mémorisation.

Octodons degus – Photo par Déborah C.

Le deuil

Bien souvent, la question de la solitude de l’octodon se pose lors de la perte d’un ou des congénères de ce dernier. Ces derniers sont alors endeuillés et perturbés dans leurs habitudes et l’on peut observer des changements de comportement. Mais ce changement n’est pas forcément signe que l’octodon ne peut vivre seul, mais au manque d’un compagnon particulier. Ainsi, ce n’est pas en “remplaçant” l’octodon perdu que l’on peut combler ce vide en introduisant directement un autre animal. En effet, c’est avant tout à la relation avec l’ancien compagnon, à sa personnalité et à son caractère qu’était attaché l’octodon devenu solitaire. Et cela ne peut être remplacé par un autre octodon, qui est inconnu et débarque dans son territoire. Ainsi, ajouter un nouvel octodon ne remplacera en rien la perte du compagnon et pourra être une source importante de stress, de tensions voire de bagarres. De plus, cela bouleversera encore plus l’environnement du dègue, et sera un changement radical.

Il est nécessaire, avant de penser à introduire un nouvel individu, de prendre le temps d’observer le comportement de son octodon. Et de considérer si le comportement s’améliore ou non. Généralement, l’octodon s’en remet et une introduction n’est pas nécessaire, ou peut-être mise en place plus tard.

Essayer une introduction

Octodons degus en interaction sociale – Poivre & Sel – Photo par Déborah C.

Introduire à un octodon solitaire un ou plusieurs autres individus n’est pas sans conséquence (stress, bagarres) et doit être réfléchi en amont. Les octodons vivent naturellement en groupe de 4 à 6 individus en moyenne, mais en captivité, les paires sont plus courantes. Étant des animaux grégaires, ils ont parfois des comportements “de meute”, notamment lorsque ceux-ci sont agressifs et peuvent se liguer contre un autre octodon. Ceci se déclare généralement à la fin de l’adolescence, lorsque les octodons commencent à vouloir fixer leur hiérarchie.

Enfin, introduire un nouvel octodon pour éviter la solitude n’est pas toujours “bien”. Selon l’âge ou les maladies, il est parfois mieux d’éviter un congénère plus en forme et bien plus actif dans la cage.

Cependant, l’introduction est un processus long (parfois plus d’un an) et stressant, qui nécessite de se poser de nombreuses questions : que faire si les octodons ne s’entendent pas? Ai-je la place pour deux cages, et ce de façon permanente ? Il est donc important de prévoir un plan B au cas où.

Sources

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