-« Mon octodon mord ses barreaux toute la journée, même s’ils peuvent sortir dans un parc de 30m² plusieurs heures par jour, et si je les empêche ils détruisent tout pour accéder encore aux barreaux. »
-« Ils semblent présenter des signes de stress et de stéréotypie, il est possible d’améliorer leur situation via des enrichissements. »
-« Je connais mes octodons et non, ils ne sont pas concernés par cela. »
-« Regardez comme mon octodon est heureux, il grimpe sur mon chien. »
La vision et/ou l’odeur des prédateurs potentiels engendrent du stress01 02.
-« Je donne [marque] de nourriture à mes octodons, est-ce que c’est bien ? »
-« Il y a de meilleures marques, notamment avec un taux de fibres, et un ratio Ca:P mieux équilibré pour la bonne santé de vos animaux03. »
-« Oui, mais c’est mon vétérinaire qui a dit que [marque] c’était la meilleure. »
-« Il n’y a quasiment pas d’informations scientifiques sur les octodons, donc nous sommes là pour aider. »
Toutes ces situations sont inspirées de faits réels. Elles se retrouvent facilement parmi tous les groupes Facebook sur les octodons. Et elles mettent en danger les dègues et parfois même les propriétaires. D’une part, à cause des conseils qui y sont prodigués, souvent sans aucune preuve et/ou expérience, d’autre part, par la propagation de la désinformation ou des argumentations autoritaires ou biaisées.
Donner ou recevoir de mauvais conseils peut nuire gravement à la santé de ses animaux. Pour revenir sur notre histoire personnelle, nos premiers octodons sont morts de la désinformation. À cause du forum DDT, qui proposait un mélange maison « adapté » aux rongeurs, qui a été proposé par une administratrice sans recul et sans aucune recherche. Ce mélange, constitué de blé, orge, avoine et seigle à parts égales, outre les problèmes liés aux teneurs en graisses, en NSC, en fibres et en protéines, ce qui a tué mes octodons (et surement de nombreux autres) est le ratio de Ca:P, de moins de 0,5:1. Sachant qu’il faut un minimum (sinon le taux est létal) de 1,6:1, et l’idéal étant d’arrive à 2:1, ce mélange a tué 8 de mes octodons, et ce très rapidement. À cela s’ajoute un vétérinaire qui ne connaissait pas les octodons et n’a jamais pensé à vérifier leurs dents. Ils auraient pu être sauvés, mais cela n’a pas été le cas. Dans un sens, avoir voulu suivre ces conseils, avoir voulu bien faire a mené à un désastre. Bien que cela ne soit pas réellement de notre faute, il nous est difficile de ne pas nous en vouloir.
Et nous sommes loin d’être seul.e.s dans cette situation. Il suffit de lire les conseils ou les propos tenus sur Facebook, ou autres plateformes pour se rendre compte que la désinformation touche de très nombreux octodons et peut mener à des problèmes de santé importants. À cela s’ajoutent des sites hasardeux, qui ne citent aucune source, ou ceux qui copient bêtement, sans même comprendre ce qu’ils écrivent. Il n’est pas possible de vérifier si les personnes ont bien lu les recherches et si elles en ont compris le propos. De plus, de nombreux sites web vendent maintenant leurs propres produits, souvent « approuvés » par des vétérinaires. Or, tout ces exemples ajoutent à la confusion et à l’incompréhension générale et à la diffusion d’informations fausses. Eh oui, un vétérinaire peut avoir tord. Et baser son argumentaire là-dessus n’en fait pas quelque chose d’acquis définitivement, c’est d’ailleurs un argument d’autorité. Attention, cela ne veut pas dire que ces personnes disent faux ou vrai, juste qu’il convient de recontextualiser et de confronter les avis. De plus, citer des sources n’est pas non plus gage d’une totale confiance. Il existe à ce jour une animalerie en ligne, qui cite des sources (dont Wikipédia, où nous avons réécrit la page). Mais si l’on regarde bien les articles écrits, on comprend vite que ces personnes n’ont pas tout lu et/ou ont sélectionné les informations qui les arrangeaient.
Alors, comment sortir de ce guêpier? Comment connaître la « vraie » vérité?
Eh bien, il faut comprendre qu’en sciences, il n’y a pas de « vérité » figée. L’on peut observer des phénomènes, théoriser sur leurs causes et, au bout de quelques années, comprendre ou prouver que cela n’était pas juste. Ce qui est juste à un temps donné peut changer. Cela dépend des méthodes/protocoles utilisés, des instruments et de la technologie. Et ne veut pas dire que tout est faux.
Lorsque vous lisez des articles ou des conseils, il convient de se poser quelques questions. Car il existe, un mécanisme interne à l’être humain, qui peut fausser notre perception, les biais cognitifs. Comme ce sujet est bien plus complexe, voici quelques vidéos pour mieux comprendre le principe :
Une playlist entière est consacrée aux cours sur la science de la zététique : Zététique & autodéfense intellectuelle.
Comment vérifier une information?
Mais alors, est-ce que tout est faux sur internet? Eh bien non, mais pour essayer de s’en sortir dans cet océan, il est intéressant de se poser des questions sur le sujet. Cela passe donc par le fact-checking, soit la « vérification des faits ». Une méthode simple est de se poser quelques questions de base face aux informations : qui a publié, pourquoi, quel est le fond du message, y a-t-il un but à la publication (vente de produits, …), quelles sont les sources, où cela a été publié, … Rien que cela permet de mieux sélectionner des informations. Mais il est possible de pousser le principe plus loin. Voici donc quelques ressources pour apprendre les principes du fact-checking :
- Les décodeurs, avec leurs nombreux articles explicatifs :
- Factuel-afp : explique la manière dont son vérifiées les informations pour limiter les rumeurs.
Enfin, il est aussi intéressant de se pencher sur les sources mêmes, notamment les publications scientifiques. D’où l’intérêt de se pencher sur les protocoles et les auteurs de ces recherches. Pour en savoir plus, nous vous conseillons un très bon documentaire d’Arte : La fabrique de l’ignorance.
Et Octodons.fr ?
Maintenant que vous doutez de tout, une question se pose. Comment fonctionne Octodons.fr ? Nous pourrions vous dire que nos articles sont relus par des chercheurs, des scientifiques spécialisés sur l’octodon, des vétérinaires et des biologistes. Parce que tout cela est vrai, nous avons même échangé avec la créatrice de Degutopia, avant son décès et plus récemment avec Guillermo D’Elía04, qui nous a même demandé des informations sur l’octodon en France. Cependant, baser notre site sur ces affirmations (non vérifiables pour certaines), n’est PAS une preuve que tous les articles sont basés sur des faits scientifiquement établis. Car ces personnes peuvent mal connaître ces sujets spécifiques ou même se tromper.
Comment fonctionne le site?
Avec une expérience importante des octodons, l’un de nos principaux problèmes était de repartir de zéro. De se dire « je ne connais plus rien » et d’en faire notre point de départ. C’est ainsi que nous avons commencé à rechercher des études sur les octodons. À ce jour, elles sont nombreuses (en 2021, nous en avons 374), et une grande partie reste récente. De plus, toutes ces recherches ne concernent pas que l’octodon, mais parfois des sujets annexes.
Grâce à cette base d’informations, nous avons commencé à lire ces recherches, à vérifier les auteurs, les méthodes, puis à référencer les informations présentes. De plus, nous en profitons pour regarder les sources et les acquérir.
Une fois une base d’informations faites, pour chaque article, nous avons appliqué la méthode de fact-checking : mise en place d’une veille scientifique, remonter à la source, confronter les informations, solliciter les auteurs ou personnes compétentes, faire une relecture complète. Cela nous permet de trouver de nouvelles études, mais aussi de proposer des articles basés sur des faits scientifiques. Cependant, cela ne veut pas dire que, si des recherches remettent en question certains articles, tout est figé. Nous essayons de vulgariser et nous nous alignons sur les informations à notre disposition. Si demain ces informations changent, nos articles seront alors remis à jour, en reprenant la méthode.
Conclusion
Cet article n’a pas pour but d’attaquer personnellement les groupes, sites, ainsi que leurs contributeurs. Nous souhaitons mettre en lumière le besoin urgent de vérifier les informations qui y circulent et d’utiliser des méthodes fiables pour diffuser les informations. Ainsi, nous encourageons chacun de lire les études à leurs dispositions, de confronter les informations et surtout de poser des questions et de douter. Nous tenions aussi à remercier tous ceux qui nous font confiance au fil des lectures.