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Les maladies respiratoires chez l’Octodon degus

  • Santé
Seul un vétérinaire connaissant l'Octodon degus est à même de poser un diagnostic et de proposer des traitements adaptés. Attention à ne pas autodiagnostiquer ses animaux, cela peut conduire à une aggravation de l'état de santé.

Les maladies respiratoires touchent de nombreux rongeurs, notamment les chinchillas et les cochons d’Inde. De la même famille, l’octodon est lui beaucoup moins atteint par ces troubles. Les dègues ont tendance à développer des problèmes respiratoires quand ils sont atteints de pathologies dentaires, notamment les malocclusions et les élodontomes.

Les différentes maladies respiratoires de l’octodon

Les pathologies dentaires, première cause de maladies respiratoires

Les données sur les maladies respiratoires chez O. degus restent limitées. D’une manière générale, on peut constater que les maladies respiratoires ne touchent que très peu les octodons. Sur 300 consultations, seules 5,6% étaient liées à des symptômes respiratoires01). La majorité de ces problèmes respiratoires étaient soit liés à des malocclusions dentaires02 03, soit à des élodontomes04 (masses cancéreuses). Les problèmes respiratoires isolés de toutes autres causes restent très rares chez cette espèce (0,6% de consultations).

Surpousse des dents avec occlusion de la cavité nasale chez l’octodon.

Occlusions de la cavité nasale

Les occlusions des voies respiratoires nasales peuvent engendrer de graves troubles respiratoires. Celles-ci peuvent être liées à une pousse excessive des dents, une masse cancéreuse ou un corps étranger resté coincé. Il est également possible qu’une occlusion survienne après une chute ou un choc physique01).

Autres types de maladies respiratoires

On retrouve tout de même quelques cas de rhinites et de bactéries à l’origine de problèmes respiratoires, comme S. aureus, Streptococcus pneumoniae ou K. pneumoniae. Ces bactéries peuvent créer des maladies respiratoires chez l’octodon. Il s’agit cependant de cas rares, l’octodon semble être relativement peu sujet à ce genre d’infections bactériennes05.

Enfin, certaines allergies peuvent causer des problèmes respiratoires parfois lourds chez l’animal. Il convient de trouver alors rapidement l’allergène mis en cause afin de l’éliminer, si possible, de l’environnement.

Symptômes

Les maladies respiratoires sont assez simples à détecter, leurs symptômes sont généralement très visibles05

  • Détresse respiratoire : l’octodon a visiblement du mal à respirer, cela lui coute un effort. Il est généralement amorphe et on voit une respiration forcée, avec un soulèvement plus marqué du thorax. Il peut également se mettre à respirer par la bouche.
  • Écoulement nasal / rhume : un écoulement nasal, souvent transparent peut être visible sur le museau de l’octodon. Selon sa gravité, il peut obstruer les voies respiratoires et l’octodon peut se nettoyer frénétiquement le nez. Les écoulements nasaux peuvent également surgir suite à un choc ou un problème intestinal causant une régurgitation de salive via le museau.
  • Respiration buccale : la respiration par la bouche est un signe d’un problème respiratoire important. Il est lié à une obstruction des voies respiratoires nasales.
  • Bruit / respiration sifflante : lorsque l’octodon respire, il peut produire un sifflement ou un bruit de « papier froissé » lors de l’expiration ou l’inspiration.
  • Apathie : l’octodon peut être totalement amorphe, souvent avec une température en dessous de la normale et refuser de se déplacer ou de manger.
  • Hypoxémie : une saturation en oxygène plus basse que la normale (> 92%) est un signe d’un problème d’oxygénation des cellules.
  • Problèmes oculaires / otiques : les yeux et les oreilles peuvent présenter des troubles comme des écoulements anormaux.

Diagnostique

L’octodon doit être pris en charge le plus rapidement possible06, et ce dès l’apparition des premiers symptômes. Dans la majorité des cas, les maladies respiratoires de l’octodon sont liées aux problèmes dentaires02. Si tel est le cas, un diagnostic précoce permet d’éviter des souffrances inutiles à l’animal, mais aussi d’adapter au plus vite l’alimentation et les traitements pour éviter les récidives07.

Sonde d'oxymètre de pouls œsophagien utilisée dans la bouche d'un cobaye anesthésié
Sonde d’oxymètre de pouls œsophagien utilisée dans la bouche d’un cobaye anesthésié

Pour diagnostiquer le type de problème respiratoire dont est atteint l’octodon, il convient au vétérinaire d’explorer toutes les pistes à sa disposition. Cela inclut notamment d’ausculter l’octodon, mais aussi de faire des analyses hématologie, microbiologique, voire histopathologique05. Les fibroscopies sont très utiles dans la détection de malocclusions ou de mauvaises pousses des dents. Ainsi, lors d’une consultation vétérinaire pour un problème pulmonaire, il est intéressant de demander à son vétérinaire de réaliser une radiographie et fibroscopie des dents de l’octodon08.

Traitement

En ce qui concerne les traitements, ceux-ci peuvent être variés06 05 et doivent en premier lieu cibler tant la pathologie que les effets. Ainsi, si l’octodon a des problèmes de respiration ou un rhume lié à un problème dentaire, les dents ET le problème respiratoire devront être traités.

Chaque traitement dépend du choix et des préférences du vétérinaire, mais il existe plusieurs solutions. Dans cet article, nous ne traiterons QUE des solutions envisageables pour le traitement de problèmes respiratoires. Les traitements des pathologies qui peuvent provoquer les problèmes respiratoires seront traités dans les articles sur ce sujet.
L'apport d'oxygène est un outil thérapeutique important chez les animaux hypoxémiques. La méthode d'apport d'oxygène par flux peut fournir jusqu'à 55 % d'enrichissement en oxygène de l'air ambiant.
L’apport d’oxygène est un outil thérapeutique important chez les animaux hypoxémiques. La méthode d’apport d’oxygène par flux peut fournir jusqu’à 55 % d’enrichissement en oxygène de l’air ambiant.

Supplémentation en oxygène : pour les cas les plus graves, l’octodon peut être mis sous oxygène, notamment en cas d’hypoxémie, afin de rétablie une bonne saturation. Un masque est parfois utilisé, mais souvent l’animal est placé dans une boite dans laquelle l’oxygène est envoyé.

Anxiolytique : certains vétérinaires préconisent leur emploi afin de calmer les animaux, notamment lorsqu’ils sont mis sous oxygène. Le stress et la panique générés par la difficulté à respirer peuvent aggraver l’état de l’octodon.

Antibiotiques : lorsque l’infection est d’origine bactérienne, il est alors indispensable de mettre en place un traitement antibiotique. Des prélèvements biologiques peuvent être effectués avant le traitement et pendant ce dernier afin de vérifier son efficacité.

Corticoïdes : leur utilisation est controversée chez l’être humain, mais des études suggèrent cependant que leur utilisation permet de faire baisser le taux de mortalité lors d’une pneumonie. Peu utilisés chez les rongeurs, les corticoïdes permettraient de limiter la réponse inflammatoire lors de pneumonies. Cependant, il convient de savoir qu’ils peuvent entrainer en effet secondaire des hyperglycémies, ce qui est à éviter chez un rongeur avec des prédispositions au diabète comme l’octodon.

Anti-inflammatoires non stéroïdiens : ils peuvent être utilisés par les vétérinaires en complément d’un autre traitement, afin de limiter les inflammations, mais aussi afin de faire diminuer les douleurs potentielles de l’animal.

Bronchodilatateurs : ces médicaments permettent de limiter la contraction des muscles des bronches. Ces médicaments ne sont indiqués que dans des pathologies très précises et leur utilisation doit se faire avec prudence. Ils sont en effet associés à des problèmes cardiaques, ainsi que l’aggravation de certains types de maladies.

Mucolytiques : ces médicaments servent à fluidifier le mucus et ainsi à permettre une meilleure respiration. Cependant, leur utilisation reste controversée à cause de potentielles réactions allergiques. Ils doivent être utilisés avec une grande prudence.

Antihistaminiques : ceux-ci permettent de limiter les effets des allergies. À ce jour, ils sont très peu utilisés sur les rongeurs par manque d’informations sur les pathologies allergiques de ces derniers. Il convient également de rechercher, en plus de la mise en place du traitement, quel est l’allergène qui déclenche une réaction de l’octodon, afin de le retirer de l’environnement.

Diurétiques : ce traitement reste très spécifique et est utilisé en cas d’œdème pulmonaire cardiogénique ou bien d’épanchement pleural. Le diagnostic doit être posé avec certitude avant la mise en place du traitement. Il est à éviter lors de déshydratation de l’octodon.

Nébulisation : il s’agit d’une solution saline physiologique respirée par aérosols, qui permet de favoriser l’élimination des fluides dans le nez notamment. Cette solution peut être envisagée en complément d’autres traitements.

Lavage nasal : il s’agit d’instiller un liquide salin dans les narines de l’octodon pour l’aider à dégager ses voies respiratoires. Cependant, cela peut être complexe, car il convient de manipuler l’animal avec précaution.

Sources

  1. Diseases in pet degus: a retrospective study in 300 animals[][]
  2. Impact of pelleted diets with different mineral compositions on the crown size of mandibular cheek teeth and mandibular relative density in degus (Octodon degus)[][]
  3. Impact of a high-phosphorus diet on the sonographic and CT appearance of kidneys in degus, and possible concurrence with dental problems[]
  4. Elodontoma in a Degu (Octodon degus)[]
  5. Respiratory Diseases in Guinea Pigs, Chinchillas and Degus[][][][]
  6. The Laboratory Rabbit, Guinea Pig, Hamster, and Other Rodents[][]
  7. Nutrition and behavior of degus (Octodon degus)[]
  8. Anatomy and Disorders of the Oral Cavity of Chinchillas and Degus[]

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