Depuis quelques années, les élevages d’octodons développent différentes robes, plus ou moins éloignées de la couleur naturelle de l’octodon. Cela passe par une sélection rigoureuse des individus et un standard d’élevage. Le travail d’un éleveur va au-delà de la seule « création » d’une nouvelle couleur, mais doit prendre en compte notamment la santé et le comportement des octodons.
Le site Octodons.fr encourage fortement tous ses lecteurs à préférer l'adoption plutôt que l'achat en animalerie ou chez des éleveurs. Cependant, la mise en place de standards de reproduction permet de réguler les problèmes de santé et d'éviter des malformations physiques chez l'octodon. Il s'agit d'un outil destiné aux éleveurs. Il convient toutefois de noter que l'élevage de l'Octodon degus en France est soumis à la détention d'un certificat de capacité 01.
Introduction
Les mammifères disposent de deux pigments principaux qui déterminent la couleur de leur pelage, ce qui s’applique aussi à l’Octodon degus. L’eumélanine, de couleur brune à noire, et la phéomélanine, plus claire, allant du beige au rouge ou brun clair. La diversité des couleurs de pelage dépend de la quantité et de la qualité de ces pigments dans chaque poil, contrôlées par des gènes. La couleur des pigments peut être modifiée ou « bloquée » par les cellules de l’épiderme lors du transport du pigment 02.
Pour la génétique de la pigmentation, il existe deux types de gènes : homozygotes et hétérozygotes. Un gène homozygote comporte deux allèles identiques, tandis qu’un gène hétérozygote possède deux allèles différents, chacun pouvant coder pour une couleur distincte.

L’allèle dominant détermine la couleur visible (phénotype), tandis que l’allèle récessif reste non exprimé. On distingue donc le phénotype (ensemble des traits observables) du génotype (ensemble ou partie de la composition génétique d’un individu). En cas de co-dominance, les deux couleurs peuvent s’exprimer simultanément.
Pour approfondir la génétique des couleurs chez l’octodon, il faut aussi connaître les différents loci, points fixes sur chaque chromosome. Plusieurs loci sont identifiés chez l’Octodon degus, chacun jouant un rôle clé dans la couleur de la robe.
Enfin, une lignée pure désigne une population se reproduisant à l’identique, généralement homozygote, donnant une descendance semblable aux parents. Ces lignées sont obtenues par consanguinité sur de nombreuses générations, notamment à des fins de recherche, afin d’assurer l’homogénéité des résultats 03.
Exemple
La couleur de l’iris humain illustre bien la dominance génétique : le gène brun est dominant (B), le bleu récessif (b). Un parent aux yeux bleus (bb) et un parent brun hétérozygote (Bb) donneront des enfants ayant 50% de chances d’avoir les yeux bleus et 50% bruns (hétérozygotes). Si le parent brun était homozygote (BB), tous les enfants auraient les yeux bruns.
Génétique des couleurs
Actuellement, six loci distincts sont connus dans la génétique de l’Octodon degus, déterminant la couleur de la robe :
- Locus A – Agouti : responsable du poil rayé (dominant A) ou unicolore (récessif aa), lié au locus Extension.
- Locus B – Brun : responsable de l’expression de l’eumélanine (dominant B) et de la phéomélanine (récessif bb).
- Locus C – Couleur : présence de pigment (dominant C) ou absence de pigment (récessif cc).
- Locus D – Dilution : dilution du pigment (éclaircissement, récessif dd), dominant D pour pelage non dilué.
- Locus E – Extension : extension du pigment dans le poil (récessif ee), dominant E sans extension. Locus lié à Agouti.
- Locus W – White patching : responsable des taches blanches (forme dominante W).
L’utilisation de ces loci permet de créer le code couleur de chaque octodon, essentiel pour sélectionner les lignées et individus à reproduire en élevage.
Robes agouti
Les robes agouti présentent un pelage avec plusieurs nuances (bicolore, etc.).

Agouti – Couleur naturelle
Code génétique : A* B* C* D* E* ww
L’agouti est la couleur naturelle de l’Octodon degus, adaptée à son environnement pour le camouflage. Les poils sont bicolores, le corps globalement brun, entremêlé de poils noirs et plus clairs. Les oreilles sont foncées, le pourtour des yeux, des oreilles et la zone ventrale sont beige clair. Les poils des pattes sont presque gris. Les poils agouti présentent une bande claire (phéomélanine) au centre et deux bandes foncées (eumélanine) aux extrémités.




Bleu agouti (ou champagne agouti)
Code génétique : A* B* C* dd E* ww
Les octodons bleu agouti présentent un pelage gris clair avec des nuances de brun et crème, proches de l’agouti classique. Le pourtour des yeux, la base des oreilles et le sous-ventre sont plus clairs, avec des zones grises sur les pattes. Cette mutation est l’une des premières apparues en captivité, résultant d’une dilution de l’eumélanine. Les poils peuvent être entièrement gris ou bicolores (gris clair et foncé). À ne pas confondre avec le bleu non-agouti, qui ne présente que des poils gris.
La couleur champagne agouti, bien que non reconnue officiellement, résulte de la même mutation, mais la bande brun clair de phéomélanine reste visible, donnant des reflets crème.



Sable
Code génétique : A* B* C* D* ee ww
Les octodons sable présentent une robe agouti très éclaircie, notamment autour des yeux, des oreilles et du ventre. Cette mutation récessive nécessite l’homozygotie. Elle est due à la propagation de la phéomélanine rouge.



Crème
Code génétique : A* B* C* dd ee ww
Les octodons crème, issus de mutations sable et champagne agouti, présentent un pelage très clair, parfois avec des reflets champagne. Le pelage peut s’assombrir avec l’âge. Cette couleur nécessite trois loci récessifs, ce qui la rend rare et difficile à obtenir sans consanguinité.



Robes non-agouti
Les robes non-agouti présentent un pelage uni, sans variations de couleur.

Noir
Code génétique : aa B* C* D* E* ww
Les octodons noirs non-agouti ont un poil brun très foncé, dû à la présence d’eumélanine sur tout le poil. Selon les mutations, des taches ou décolorations peuvent apparaître.



Blanc
Code génétique : * C* * * W*
Les octodons blancs ne sont pas albinos, mais présentent une robe très diluée, issue des couleurs sable et bleue. Aucun individu albinos n’est connu à ce jour, l’albinisme pouvant être létal chez l’octodon 04.
Le blanc n’est pas une couleur à proprement parler : il s’agit d’un octodon patché, la tache blanche étant héritée de façon dominante. Les octodons blancs homozygotes (WW) sont rares et ont une espérance de vie réduite. On distingue deux catégories : les patchés très étendus et ceux dont le pelage devient blanc (lié à la génétique). Certains naissent avec une peau rose, qui se grise avec l’âge.


Chocolat
L’octodon chocolat est obtenu par l’expression récessive du gène b, qui dilue le pigment vers une teinte plus claire, avec plusieurs variations possibles.



Bleu
Code génétique : aa B* C* dd E* ww
La mutation bleu non-agouti résulte de la dilution du gène bleu, donnant diverses nuances de pelage.


Lilas
Code génétique : aa B* C* dd ee ww
La couleur lilas, récente et rare, se caractérise par un pelage non-agouti, gris argenté, sans décoloration bleue ou brune.



Autres caractéristiques
Patché
Code génétique : * * C* * * W*
Les octodons patchés présentent des zones blanches dues à la dépigmentation. La plupart des couleurs peuvent présenter des individus patchés, car le locus W est dominant. Selon la proportion de poils blancs, on distingue plusieurs catégories 05 :
- Patché : apparition de poils blancs, couvrant moins de 40% du corps.
- Super-patché : 40% à 70% de poils blancs.
- Méga-patché : plus de 70% de poils blancs.





Tricolore
Des octodons tricolores existent désormais, mais la génétique exacte de ces individus reste indéterminée 06. Ces individus sont extrêmement rares et les portées sont aléatoires.

Sources
- Arrêté du 2 juillet 2009 fixant les conditions simplifiées dans lesquelles le certificat de capacité pour l'entretien des rongeurs d'espèces non domestiques peut être délivré[↩]
- Del Bino, S., & Bernerd, F. (2013). Biologie de la peau. Annales de Dermatologie et de Vénéréologie[↩]
- Ménard, J. (2004). Utilisation des lignées congéniques chez la souris. Médecine/Sciences[↩]
- Wright, S. (1948). The ABC of color inheritance in horses. Genetics[↩]
- Degutopia. (n.d.). Degu Colours[↩]
- Dein-Degu.de. (n.d.). Degu Facts: Colours[↩]