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Physiologie de l’Octodon degus

L’Octodon degus est un rongeur diurne d’Amérique du Sud. De taille moyenne, il reste l’un des plus petits caviomorphes de ce continent. Il s’agit d’un rongeur assez particulier, souvent confondu avec d’autres espèces d’animaux de compagnie comme les gerbilles ou chinchilla. Sa physiologie lui a permis de s’adapter dans un milieu semi-aride en adoptant un mode de vie crépusculaire et en vivant dans des terriers.

Octodon degus mangeant ses déjections

Morphologie

L’Octodon degus est un rongeur de taille moyenne d’apparence trapue. Sa tête est assez forte et pourvue d’yeux en amande ainsi que deux grandes oreilles qui lui permet de détecter les prédateurs. Son corps est taillé pour creuser et se déplacer rapidement. Il est doté de pattes puissants avec 5 doigts, dont le dernier est à peine développé. Fouisseur01, il se sert de ses griffes pour creuser son terrier. Sa queue est presque aussi longue que son corps et se termine par un petit pinceau de poils. Les octodons n’ont pas une morphologie adaptée à la vie en terrier: il se sert notamment beaucoup de sa vision, mais a un mode de vie semi-fossoriel02. L’octodon n’a également aucun dimorphisme sexuel.

Morphologie de l’Octodon degus

Données physiologiques

Physique

Longueur totale de l’adulte queue comprise : 250mm – 310mm
Longueur totale du corps de l’adulte queue non comprise : 150mm
Longueur de la queue : 65mm – 130mm

Poids moyen adulte : 170g – 230g
Poids idéal en captivité : 180g – 250g

Taille des oreilles (hauteur) : 24mm – 32mm
Longueur de la patte arrière : 35mm – 38mm

Âge adulte : 54 semaines – 1 an
Espérance de vie de l’octodon en captivité : 5 – 9 ans
Espérance de vie de l’octodon à l’état sauvage : ≤ 2 ans

Physiologique

Température corporelle : 36,0°C – 37,9°C (96,8°F – 100,2°F), il s’agit de la température corporelle la plus basse chez les espèces de l’infa-ordre des caviomorphes03.
Température en période d’oestrus (chaleur): ≈+ 4°C04
Zone de neutralité thermique : 23°C – 32°C (73°F – 89°F)
Température minimale avant activité en dehors du terrier: 24 ºC05

Cæcum différencié: 33,60 % spécifique
Cæcum haustré: 79,65 % spécifique
Estomac glandulaire: 36,25 % de spécificité
Épaisseur médullaire relative: 6,1

Hématologie

JuvénilesAdultes
ParamètreMoyenne (±ÉT)MédianeFourchette95% IC valeurs moyennesMoyenne (±ÉT)MédianeFourchette95% IC valeurs moyennesEffet du vieillissement
Globule rouge (x 10^12/l)7,3 (1,08)7,604,72 - 9,016,89 - 7,648,7 (1,02)8,985,34 - 9,938,35 - 9,06***↑
Réticulocyte (x 10^9/l)7,4 (16,27)0,00,0 - 80,241,69 - 13,030,2 (1,23)0,00,0 - 0,1-0,23 - 0,66*↓
%0,1 (0,32)0,00,0 - 1,70,02 - 0,240,0 (0,02)0,00,0 - 0,10,0 - 0,01
NS
Hémoglobine (g/l)113,7 (9,57)116,089,0 - 134,0110,4 - 117,0117,6 (7,73)119,099,0 - 131,0114,9 - 120,3NS
Hématocrite (l/l)0,4 (0,04)0,400,32 - 0,510,42 - 0,440,5 (0,03)0,460,37 - 0,500,44 - 0,46*↑
VGM (fl)59,9 (5,41)58,652,30 - 75,3058,01 - 61,7851,4 (3,15)51,047,20 - 64,5050,26 - 52,45***↓
MCH (pg)15,8 (1,52)15,7013,60 - 19,5015,31 - 16,3713,4 (0,62)13,312,3 - 15,413,16 - 13,59***↓
MCHC (g/l)264,5 (10,43)264,0240,0 - 291,0260,8 - 268,1261,0 (11,36)263,0226,0 - 289,0257,0 - 264,9NS
Plaquettes (x 10^9/l)453,4 (142,25)455,057,0 - 896,0403,9 - 503,0383,0 (78,17)362,0223,0 - 530,0233,7 - 410,2*↓
Leucocyte (x10^9/l)7,2 (3,04)7,02,0 - 12,306,10 - 8,227,4 (2,40)7,13,5 - 14,66,55 - 8,23NS
Neutrophiles non segmentés (x10^9/l)0,1 (0,20)0,030,0 - 1,00,03 - 0,170,0 (0,07)0,00,0 - 0,310,1 - 0,06NS
%1,0 (1,37)0,050,0 - 6,00,52 - 1,480,4 (0,73)0,00,0 - 3,00,15 - 0,65NS
Neutrophiles segmentés (x10^9/l)2,2 (1,17)2,050,38 - 4,801,82 - 2,633,1 (1,48)2,890,70 - 7,012,53 - 3,58NS
%
32,0 (13,07)30,011,0 - 63,027,47 - 36,5840,6 (13,09)40,519,0 - 72,035,95 - 45,22*↑
Lymphocytes (x10^9/l)4,6 (2,39)4,420,96 - 10,23,76 - 5,434,0 (1,40)3,91,27 - 7,263,53 - 4,52NS
%63,2 (13,57)66,033,0 - 85,058,47 - 67,9354,9 (12,7)54,027,0 - 77,050,38 - 59,38*↓
Monocytes (x10^9/l)0,1 (0,12)0,090,0 - 0,410,09 - 0,170,1 (0,20)0,070,0 - 0,890,06 - 0,20NS
%1,9 (1,62)1,00,0 - 5,01,29 - 2,421,3 (1,51)1,00,0 - 6,00,79 - 1,86NS
Éosinophiles (x10^9/l)0,1 (0,12)0,090,0 - 0,470,07 - 0,150,2 (0,26)0,150,0 - 1,450,12 - 0,3NS
%1,8 (1,85)1,00,0 - 8,01,13 - 2,422,6 (2,67)2,00,0 - 12,01,67 - 3,56NS
Basophiles (x10^9/l)0,0 (0,03)0,00,0 - 0,120,0 - 0,020,0 (0,04)0,00,0 - 0,190,0 - 0,03NS
%0,1 (0,40)0,00,0 - 2,00,0 - 0,250,2 (0,45)0,00,0 - 2,00,02 - 0,34NS
* P
↑ Les valeurs augmentent avec l'âge
↓ Les valeurs diminuent avec l'âge
ÉT - Écart type
IC - Intervalle de confiance
MCH - Hémoglobine corpusculaire moyenne
MCHC - Concentration corpusculaire moyenne d'hémoglobine
MCV - Volume corpusculaire moyen
NS - Non significatif

 

JuvénilesAdultes
ParamètreMoyenne (±ÉT)MédianeFourchette95% IC valeurs moyennesMoyenne (±ÉT)MédianeFourchette95% IC valeurs moyennesEffet du vieillissement
TP (g/l)54,7 (5,83)53,846,50 - 73,7052,68 - 56,7463,1 (7,43)63,945,8 - 77,7060,35 - 35,91***↑
Albumine (g/l)34,0 (2,87)34,428,60 - 40,6032,97 - 34,9733,1 (5,18)33,319,0 - 45,1031,21 - 35,07NS
Globuline (g/l)21,7 (7,62)20,212,70 - 52,7019,05 - 24,3630,0 (6,10)31,916,50 - 47,8027,71 - 32,26***↑
Albumine : Globuline (ratio)1,7 (0,43)1,70,66 - 2,501,55 - 1,851,2 (0,35)1,10,40 - 2,581,03 - 1,29***↓
Glucose (mmol/l)9,4 (1,69)9,45,60 - 14,108,79 - 9,978,9 (1,68)8,95,40 - 13,108,27 - 9,52NS
Urée (mmol/l)15,1 (2,57)15,910,80 - 22,014,16 - 15,9610,1 (1,78)10,06,60 - 14,909,41 - 10,73***↓
Créatine (μmol/l)56,5 (12,94)57,834,40 - 87,2051,94 - 60,9651,4 (9,50)51,029,9 - 77,3047,91 - 54,99NS
Triglycérides (mmol/l)
1,8 (1,0)1,50,01 - 4,471,47 - 2,161,9 (1,19)1,590,44 - 4,851,46 - 2,34NS
Cholestérol (mmol/l)2,5 (0,70)2,31,80 - 4,902,27 - 2,762,0 (0,39)2,11,20 - 2,701,85 - 2,15**↓
ALT (iu/l)33,5 (18,32)29,312,57 - 107,1927,55 - 40,1218,0 (8,02)18,09,58 - 47,9016,17 - 22,16***↓
AST (iu/l)61,1 (35,39)53,310,18 - 192,8148,50 - 73,6517,9 (25,21)36,519,16 - 137,7237,72 - 56,29*↓
APL (iu/l)385,6 (247,26)285,0167,66 - 1077,84299,40 - 471,8665,9 (15,03)65,340,72 - 105,9962,87 - 74,25***↓
Amylase (iu/l)892,8 (298,38)805,4409,58 - 1947,90788,62 - 996,41820,4 (234,01)755,7481,44 - 1263,47733,53 - 908,38NS
Lipase (iu/l)43,7 (21,50)37,116,77 - 111,9835,93 - 50,9029,9 (5,45)26,42,99 - 39,5223,95 - 29,34***↓
GGT (iu/l)9,08 (1,50)1,81,80 - 10,181,80 - 3,06,0 (0,05)1,81,80 - 7,781,80 - 2,40NS
CK (iu/l)1159,3 (764,13)1094,6215,57 - 16012,0752,69 - 2627,55958,1 (846,19)692,2120,96 - 4245,51643,71 - 1274,25NS
LDH (iu/l)679,0 (333,11)591,035,33 - 1934,13562,87 - 795,21562,9 (111,02)544,9313,17 - 894,01522,16 - 604,79NS
Sodium (mmol/l)142,3 (5,41)141,9131,60 - 156,50140,40 - 144,20142,1 (6,32)142,7121,0 - 151,20139,80 - 144,50NS
Potassium (mmol/l)4,4 (1,0)4,32,90 - 8,104,1 - 4,803,8 (0,40)3,93,10 - 4,703,69 - 4,0**↓
Chloride (mmol/l)104,9 (5,56)104,891,20 - 116,40102,90 - 106,80103,4 (5,54)103,291,80 - 113,80101,30 - 105,40NS
Calcium (mmol/l)3,2 (0,26)3,12,69 - 3,733,075 - 3,262,5 (0,25)2,62,01 - 2,962,45 - 2,64***↓
Phosphore inorganique (mmol/l)2,2 (0,57)2,21,09 - 3,741,97 - 2,371,5 (0,36=1,50,63 - 2,101,32 - 1,60***↓
Bilirubine totale (μmol/l)2,4 (1,37)2,40,90 - 5,401,91 - 2,862,8 (1,15)0,90,90 - 5,401,40 - 2,33NS
Acides biliaires totaux (μmol/l)----13,5 (12,21)8,21,10 - 54,908,94 - 18,04-
* P
↑ Les valeurs augmentent avec l'âge
↓ Les valeurs diminuent avec l'âge
ÉT - Écart type
IC - Intervalle de confiance

Il convient de noter que le niveau de glucose observé en captivité est différent du niveau observé dans la nature06. Sur un échantillon de 16 octodons sauvages d’âge variable, le niveau de glucose était de 3,89 à 5,39 mmol/l 07.

Concentration urinaire – 634 mOsmol l-1

  • Osmolalité moyenne de l’urine en été – 3137 mOsmoles kg-1
  • Osmolalité moyenne de l’urine en hiver – 1123 mOsmoles kg-108

Taux métabolique de base: 0,839 ml O2 g-1hr-1

Fréquence cardiaque: 274 battements min-1

  • Fréquence respiratoire au repos: 123 respirations min-109
    • Fréquence respiratoire sous anesthésie: 231 (+/-35) respirations min-1
      • Hypoxie (10 % O2)- 179 (+/-17) respirations min-1
      • Hypercapnie (10 % CO2)- 206 (+/-20) respirations min-1
    • Volume courant anesthésié: 0,18 (+/-0,04) ml
      • Hypoxie (10 % O2)- 0,17 (+/-0,04) ml
      • Hypercapnie (10 % CO2)- 0,16 (+/-0,03) ml1
    • Volume minute anesthésié – 40,6 (+/-11,7) ml min-1
      • Hypoxie (10 % O2)- 32,3 (+/-10,2) ml min-1
      • Hypercapnie (10 % CO2)- 34,6 (+/-8) ml min-1

Taux moyen de cortisol le plus bas atteint – 500 ng ml-110

Sexualité

Maturité sexuelle : entre 7 semaines pour les femelles et 12 semaines pour les mâles11
Durée du cycle œstral : 18 à 21 jours
Durée de gestation : entre 87 et 95 jours
Moyenne de petits par portées : 5,5
Portées minimales et maximales : 1 à 1212
Nombre de mamelles : 8

Jeunes Octodons degus de 12 jours durant un allaitement

Âge au sevrage : 72 à 75 jours13
Âge moyen lors de la première gestation à l’état sauvage: 6 mois
Poids moyen lors de la première gestation : 205g
Poids minimum recommandé pour la première gestation en captivité : 220g14
Rapport des sexes à la naissance: 100 femelles : 110 mâles15
Poids des bébés12

Âge (en jours) Poids moyen (en gramme)
1 13g
2 14g
3 14,5g
4 15g
5 18g
6 19g
7 20g
8 22g
9 23g
10 25g
11 25g
12 26g
13 27g
14 28g

Comme pour les premiers jours, des écarts de poids peuvent être notés tout au long de la croissance, augmentant avec l’âge.

Âge (en semaines) Poids moyen (en grammes)
0 13g
1 20g
2 32g
3 41g
4 58g
5 72g
6 88g

Pourcentage de la masse corporelle maternelle à la naissance: 5-6 %
Taux de croissance des petits au cours des 14 premiers jours suivant la naissance: 1-3g/jour
Durée de l’allaitement : 21 à 40 jours.

Taux en % de la composition du lait en milieu d’allaitement16. Protéines Carbohydrates Lipides Solides
4,4 2,7 20,1 30,5

Âge de sevrage recommandé : 6 semaines

Taux moyen de cortisol chez les femelles en lactation – 1000 ng ml-1 
Taux moyen de testostérone chez les mâles adultes reproducteurs: 2,35 ng ml-117
Taux moyen de testostérone le plus élevé (mâle): 0,16 ng ml-1 
Teneur en vitamine C du sperme des caviomorphes : 2,5-12 mg dl-1 
Teneur en ADN gamétique du spermatozoïde: 2,7 pg
Longueur moyenne de la tête du spermatozoïde: 6,0 μm
Largeur moyenne de la tête des spermatozoïdes: 4,6 μm
Longueur moyenne de la queue du spermatozoïde: 40,9 μm
Nucléaire spermatazoal, emplacement des nucléoles: central

La reproduction chez l’octodon

Divers

Chevauchement du champ visuel (frontal binoculaire): 50º
Nombre de cellules dans la couche ganglionnaire rétinienne: 300000
Vitesse maximale d’un octodon de 180 g: 4,9 m/s, soit environ 17km/h
Vitesse maximale en sautant – 2,4 m/s, soit environ 8 km/h

Âge de développement de la fonction circadienne – 10-12 mois
Nombre de chromosomes (2n)- 58
Taille du génome – 8,6 ρg
Nombre moyen de chiasmes par bivalent : 1,6
Indice de recombinaison – 73

Dosage nocif de malathion – 436 mg kg-1
Dose létale de pentobarbital sodique – 60 mg kg-1

Squelette

Le crâne de l’octodon a un grand foramen infra-orbitaire bien développé avec une rainure ventromédiale et une fosse ptérygoïde ouverte02. L’extrémité de l’hamulus ptérygoïdeus est en contact avec la bulle. Les bulles sont de taille modérée, mais la bulle auditive est bien développée et le processus paroccipital épouse le bord et la surface postérieurs. Fait intéressant, les osselets marteau et enclume ne sont pas fusionnés. Dans la mandibule, les deux rames sont étroitement reliées, le processus coronoïde apparaissant délicat et pointu. La clavicule et la crête deltoïde sont bien développées. L’épine scapulaire s’étend depuis près de la bordure vertébrale de la scapula jusqu’au-delà de la pointe du processus coracoïde. L’épine scapulaire est une mince projection en forme de doigt non soutenue de la région médioscapulaire jusqu’aux extrémités des grands processus acromion et métacromion. Il y a un foramen entépicondyloïde dans l’humérus, et les extrémités proximales du tibia et de la fibula sont fusionnées.

Musculature

Il existe plusieurs caractéristiques myologiques importantes qui distinguent l’octodon02Le  muscle cutané maximal est complexe et divisé en quatre parties dans lequel la partie antérieure s’étend jusqu’à la surface latérale de l’épaule. Il y a un muscle scapuloclaviculaire, un muscle scalène antérieur ventral au plexus brachial et l’absence d’un muscle stylo-hyoïdien malgré la présence d’un appareil hyoïdien bien développé. Il y a aussi un muscle mandibulolabial composé d’un groupe complexe de muscles masticateurs multipartis, avec le masséter médial passant par le foramen infraorbitaire et la pars reflexa du masséter superficiel passant dans la partie médiale de la mandibule via une rainure. Il est intéressant de noter que la musculature de l’octodon est cohérente avec tous les autres hystricognathes, mais ne se trouve dans aucun autre groupe de rongeurs.

Système vasculaire et thymus

Certains aspects de la circulation chez l’octodon ont été modifiés au cours de l’évolution18. L’approvisionnement sanguin de la région stapédienne a été remplacé par les artères carotides externes. Il a été rapporté que (à quelques exceptions près) les artères céphaliques de l’octodon sont identiques à celles des autres hystricognathes. L’octodon a à la fois une veine cave antérieure gauche et droite. Il possède un thymus double avec des composants cervicaux et médiastinaux. Le composant médiastinal est multilobé et amorphe, ce qui est morphologiquement similaire à un thymus typique de rongeur. Le composant cervical est bi-lobé et reste actif tout au long de la vie de l’animal, contrairement au composant médiastinal. L’artère coeliaque et l’artère mésentérique proviennent de l’aorte abdominale. Les octodons semblent ne pas avoir d’artère gastroépiploïque. Le caecum est approvisionné en sang par l’artère iléocolique dans la direction de la tête vers l’apex du caecum. Le foie est approvisionné par des branches de l’artère hépatique, avec une branche moyenne droite s’étendant jusqu’à la vésicule biliaire. Le pancréas est approvisionné par l’artère pancréaticododénale crânienne, l’artère pancréaticododénale caudale et l’artère splénique. La rate dorsale est approvisionnée par une branche droite de l’artère gastro-splénique dorsale, tandis que la rate ventrale est approvisionnée par une branche droite de l’artère gastro-splénique ventrale.

Cerveau

Le cerveau de l’octodon suit le schéma général des rongeurs, mais le bulbe olfactif (qui sert à distinguer les odeurs) est particulièrement bien développé19. Contrairement aux rongeurs, le nerf voméronasal se connecte au bulbe olfactif accessoire latéralement. De plus, il y a une indentation entre la frontière des subdivisions rostrales et caudales du bulbe olfactif, et le bulbe olfactif rostral est deux fois plus grand que le bulbe caudal et présente un dimorphisme sexuel biaisé vers les mâles en termes de taille. Ces caractéristiques uniques sont susceptibles d’être liées à la communication sémiocimique chez les octodons. La surface du cerveau est modérément plissée, ce qui est également une caractéristique inhabituelle chez les rongeurs, à l’exception de ceux appartenant à la sous-ordre des Hystricognathes. Le sang est acheminé vers le cerveau uniquement par les artères vertébrales, car les artères carotides internes et les artères stapédiennes tympaniques ont été perdues au cours de l’évolution.

Dentition

Les octodons, comme leurs parents les chinchillas, ont de l’émail orange à la surface avant de leurs incisives avec une microstructure multisériée. Cette coloration se produit pendant l’amélogenèse, lorsque l’émail est formé dans les améloblastes (cellules formant l’émail dentaire). Les amélogénines de l’émail dentaire en développement sont des protéines spécifiques riches en proline, leucine, histidine et résidus glutamyl qui sont synthétisées par les cellules améloblastes de l’épithélium de l’émail interne. Ces protéines se minéralisent pour former un émail mature, supposément régulé par une protéine acide de l’émail appelée tufletin. Le processus exact par lequel l’émail est coloré en orange fait encore l’objet de débats, mais il a été suggéré que l’émail en formation est taché par les enzymes buccales présentes dans la salive des octodons, bien que cela ne soit que de la spéculation. On suppose que de telles enzymes chromogènes sont prises en charge par la pellicule et proviennent de composés polyphénoliques qui fournissent la couleur des aliments, tels que les pigments caroténoïdes. Il peut également y avoir un lien entre la coloration de l’émail et l’apport en fer. Par conséquent, on pense que la nutrition joue un rôle majeur dans la couleur de l’émail des dents des octodons.

La coloration orange de l’émail des octodons se développe lentement depuis la naissance13,les petits naissent avec des dents de couleur crème pâle qui foncent progressivement au cours des six premiers mois pour atteindre la couleur orange foncé de l’âge adulte.

Pathologies dentaires et malocclusions chez l’octodon

 

Vision

Vision octodon degus
Vision imaginée (généré par IA) de l’Octodon degus.

 

Les octodons ont une vision bien développée et une sensibilité visuelle pendant le jour20. D’autres espèces nocturnes d’octodons, ont une vision adaptée spécialement pour la vision nocturne, améliorant le contraste et la sensibilité à la lumière.

 

Le cristallin de l’octodon absorbe sélectivement la lumière de courte longueur d’onde21, avec une densité optique croissante à mesure que l’octodon vieillit. Les rétines des octodons possèdent un type de cône et deux types de cônes S, leur permettant de voir en couleurs dichromatiques. Les couleurs visibles pour les octodons sont le vert et les ultraviolets (UV). Les bâtonnets ont un pic spectral à 500 nm (vert), tandis que chaque type de cône a des pics spectraux à 507 nm (vert) et 362 nm (UV). Les rétines sont composées d’environ 9 millions de photorécepteurs, dont un tiers sont des cônes. Les deux types de cônes existent dans un ratio de 13:1 (vert:UV).

Le fait d’avoir des cônes S sensibles aux ultraviolets est relativement rare chez les mammifères. Il a été démontré que les octodons sont capables de distinguer entre les ultraviolets et la lumière visible lors de tests comportementaux22.

Camouflage

Le pelage des octodons est bien adapté pour se camoufler, leur pelage ventral est plus clair et hautement réfléchissant aux UV ; il réfléchit jusqu’à 20% de la lumière UV21, suggérant un signal de communication lors des cris d’alarme ou de la vigilance, où les octodons exposent leur ventre en se tenant debout sur leurs membres postérieurs.

L’urine des octodons réfléchit également les UV et jusqu’à 40% de la lumière incidente, agissant comme une marque territoriale visuelle.

Couleurs & Robes de l’octodon degus

Alimentation

Comment nourrir son octodon ?

Eau

Comme les octodons sont adaptés à un climat semi-aride, leur anatomie est faite pour utiliser l’eau de manière plus efficace. L’octodon a un degré élevé de réabsorption de l’eau dans le côlon, ce qui aide les aide à maximiser la quantité d’eau qu’ils peuvent extraire de leur nourriture. Les octodons ont environ deux fois plus de capacité de réabsorption colique que les rats de laboratoire, ce qui peut être dû à la présence d’un agent mercuriel connu pour inhiber les canaux d’eau23. Les octodons n’ont pas de glandes sudoripares et minimisent ainsi la perte d’eau par évaporation. Ils sont également capables de condenser l’eau dans leurs passages nasaux afin d’éviter l’exhalation de l’humidité essentielle. Ce processus est réalisé grâce aux aquaporines de la muqueuse nasale, d’abord l’AQP-3 dans les cellules épithéliales non olfactives, puis l’AQP-1 dans la lumière capillaire. La plus grande perte d’eau se produit par l’urination, c’est pourquoi l’urine des octodons est fortement concentrée en raison d’une longue anse de Henle dans les reins. Les octodons ont également des reins relativement volumineux. Il est intéressant de noter que les octodons, en particulier les mâles, produisent plus d’urine la nuit que pendant la journée. Des recherches ont montré que les octodons peuvent se passer d’eau pendant jusqu’à 13 jours, et après sept jours sans boire, la concentration de l’urine peut atteindre 4604 mOsmoles l-1.

D’autres études des reins des octodons ont montré qu’ils ont la capacité inhabituelle de concentrer davantage le potassium urinaire que le sodium, et (également inhabituel) de retenir le magnésium.

Octodon degus prenant une pause le vendredi - Photo par Jonas Šileika (Ne pas donner d'alcool à vos octodons!)
Octodon degus prenant une pause le vendredi – Photo par Jonas Šileika
(Ne pas donner d’alcool à vos octodons!)

Digestion

Les octodons sont herbivores, leur système digestif est spécifiquement adapté à ce régime folivore. Leur tube digestif contient de la sucrase, une enzyme qui hydrolyse les glucides végétaux. Cela permet aux octodons de digérer les sucres spécifiques aux plantes, mais en raison d’une fonction anormale de l’insuline, les octodons devraient éviter les régimes alimentaires contenant du sucre. Les octodons possèdent un caecum24, qui varie de forme et de position entre les octodons. Le caput caeci est généralement situé à gauche avec une rotation crânienne ou caudale, l’apex étant à gauche devant le pelvis. Le côlon ascendant est disposé en plis superposés variables et souvent en spirale.

Les nouveau-nés possèdent également l’enzyme lactase qui leur permet de digérer le lait maternel.

Les crottes d’octodons sont petites, sèches et compactes.

Système reproductif

Sexer un octodon

Bien que les octodons aient une anatomie génitale différente pour les mâles et les femelles, il peut être assez difficile de les distinguer d’un simple coup d’œil. Leur anatomie urogénitale est similaire à celle des autres caviomorphes25. Les mâles ont une paire de testicules qui se trouvent toujours à l’intérieur de l’abdomen. Le pénis pointe vers l’arrière depuis le cercle péri-anal, en dessous duquel se trouve (à l’intérieur) le sac crémastérique. Le pénis est stocké à l’intérieur en forme de S et son extrémité est couverte de petites épines. À l’intérieur du corps, le canal déférent et les vésicules séminales s’ouvrent indépendamment dans l’urètre. L’artère testiculaire est courte, avec peu de boucles et un grand diamètre. Un sacculus urétralis est présent. Les femelles ont un utérus bicornu, qui se divise en deux sections. L’ouverture vaginale est située immédiatement (postérieurement) derrière la projection urétrale. Extérieurement, les femelles ont également quatre paires de mamelons, dont trois sont positionnées en hauteur sur les côtés entre les membres antérieurs et postérieurs. Une paire est positionnée sur le ventre entre les membres postérieurs pour permettre la tétée pendant que la femelle est en état de vigilance.

Il y a une plus grande distance entre l’anus et l’urètre chez le mâle, tandis que la femelle n’a pratiquement aucun espace entre l’urètre et l’anus.

Comment différencier le sexe de l’octodon mâle ou femelle ?

Spermatozoïdes

Les spermatozoïdes des octodons sont différents de ceux d’autres espèces26. La tête mesure 7,7 µm de long sur 5,9 µm de large, tandis que la queue mesure 41 µm de long. La tête est aplatie dorso-ventralement et a une forme ovale. Le contenu en ADN gamétique est d’environ 2,7 pg. Une caractéristique intéressante est qu’il existe un indice de recombinaison élevé pour les rongeurs.

Représentation d’un spermatozoïde de l’Octodon degus.

L’acrosome est la caractéristique la plus distinctive dans le spermatozoïde de l’octodon. Vu de face, le rebord de l’acrosome a la forme d’un ‘U’ inversé. La région acrosomale présente des protubérances en forme de dôme qui sont régulières (non aléatoires). L’acrosome représente environ 60 % de la longueur de la tête. Il existe également des différences subtiles dans la morphologie des spermatozoïdes entre les espèces d’octodons. La tête des spermatozoïdes de l’Octodon bridgesi est plus elliptique que ronde, tandis que celle de l’Octodon lunatus est en forme de pagaie et plus large à la base. En moyenne, l’octodon commun a la plus petite longueur de tête de spermatozoïde, l’octodon de Bridge a la plus petite largeur de tête de spermatozoïde, et l’octodon à dents de lune a la plus courte longueur de queue de spermatozoïde.

Ovaire et placenta

Pendant la gestation, le placenta présente une barrière placentaire hémomonochoriale avec des capillaires continus et non fenêtrés27. Au 27ème jour de la gestation, la sous-placenta émerge sous la paroi de l’excavation centrale, et la plus externe des trophoblastes du cône ectoplacentaire commence à se différencier. Ces cellules géantes de trophoblaste secondaire se trouvent à l’extérieur du placenta, formant une interface avec les cellules maternelles du décidue. Ces cellules contiennent de la cytokeratine et de la lactogène placentaire jusqu’à la fin de la grossesse. Pendant la gestation, le trophoblaste extra-sous-placentaire émerge de la sous-placenta vers le décidue. Le mésenchyme vasculaire de l’excavation centrale envahit le placenta chorioallantoïque pendant la gestation pour former deux lobules fœtaux, qui constituent la zone de la barrière placentaire. L’activité de la pompe sodium-potassium ATPase dans les barrières placentaires est constante tout au long de la gestation. Le syncytium résiduel au bord du disque placentaire/entre les lobules n’est pas envahi par le mésenchyme fœtal et forme le syncytium marginal et interlobulaire du labyrinthe. Il est probable que ces cellules aient un processus sécrétoire entre les vaisseaux sanguins maternels. Les placentas expulsés du corps lors de l’accouchement présentent un grand lobe unique, n’ont pas de sous-placenta et un syncytium labyrinthique interlobulaire réduit. Le sac vitellin viscéral inversé peut être vu au jour 27 de la gestation et présente des caractéristiques suggérant qu’il fonctionne comme un organe sécrétoire précoce. L’épithélium du sac vitellin pariétal recouvre l’ensemble du placenta et entre directement en contact avec la lumière utérine. Le poids du placenta à terme est d’environ 8 g et a un diamètre d’environ 13 mm.

Même à un jeune âge, les femelles possèdent un follicule antral dans les ovaires qui n’ovule pas, mais devient atrétique. Le tissu interstitiel est abondant, et les cellules interstitielles sont vacuolisées et sont potentiellement impliquées dans la synthèse de stéroïdes. Pendant la grossesse, le corps jaune persiste, mais peut régresser vers la mise bas. Plusieurs petits corps jaunes accessoires se forment vers la fin (jours 75-80) de la grossesse, persistant jusqu’à 20 jours après la mise bas. D’autres structures présentes dans les ovaires comprennent des tubules époo-phoron et le réseau ovarien.

La reproduction chez l’octodon

Sources

Une grande partie de cette article a été traduit de l’article équivalent par Degutopia.

  1. Energetics and burrowing behaviour in the semifossorial degu Octodon degus (Rodentia: Octodontidae)[]
  2. Octodon degus Charles A. Woods and David K. Boraker[][][]
  3. Anatomy of reproductive tract in Octodon degus Molina: A nonscrotal rodent[]
  4. Estrus and steroid induced changes in circadian rhythms in a diurnal rodent, Octodon degus[]
  5. Daily and seasonal limits of time and temperature to activity of degus[]
  6. Selected haematological and plasma chemistry parameters in juvenile and adult degus (Octodon degus)[]
  7. Blood glucose concentration in caviomorph rodents[]
  8. Seasonal acclimatization in water flux rate, urine osmolality and kidney water channels in free-living degus: Molecular mechanisms, physiological processes and ecological implications[]
  9. Degu Cardio-Pulmonary Values. Pp. 85 in Exotic Animal Care and Management[]
  10. Relation of glucocorticosteroids and testosterone to the anual cycle of free-living degus in semiarid central Chile[]
  11. Influence of parental deprivation on the behavioural development in Octodon degus: Modulation by maternal vocalisations[]
  12. Pup Growth Rates and Breeding Female Weight Changes in Two Populations of Captive Bred Degus (Octodon degus), a Precocial Caviomorph Rodent[][]
  13. Dental Eruption Chronology in Degus (Octodon Degus)[][]
  14. UN NOUVEL ANIMAL DE COMPAGNIE : L’OCTODON, OCTODON DEGUS[]
  15. Reproductive characteristics of hystricomorph rodents[]
  16. Temporal dynamics of milk composition of the precocial caviomorph Octodon degus[]
  17. Free and total testosterone levels in field males of Octodon degus (Rodentia, Octodontidae): accuracy of the hormonal regulation of behavior[]
  18. Arterial vascularization of the abdominal and pelvic regions in the degu, Octodon degus (Rodentia, Octodontidae)[]
  19. Heterogeneities of size and sexual dimorphism between the subdomains of the lateral-innervated accessory olfactory bulb (AOB) of Octodon degus (Rodentia: Hystricognathi)[]
  20. Does Nocturnality Drive Binocular Vision? Octodontine Rodents as a Case Study[]
  21. Retinal spectral sensitivity, fur coloration and urine reflectance in the genus Octodon (Rodentia): Implications for visual ecology[][]
  22. Visual adaptations in a diurnal rodent, Octodon degus[]
  23. Seasonal acclimatization in water flux rate, urine osmolality and kidney water channels in free-living degus: molecular mechanisms, physiological processes and ecological implications[]
  24. Variation of the position of the cecum and ascending colon of the degu (Octodon degus, Molina 1782)[]
  25. Anatomy of reproductive tract in Octodon degus Molina: a nonscrotal rodent[]
  26. Ultrastructure of Octodon degus spermatozoon with special reference to the acrosome[]
  27. Placentation in the degu (Octodon degus): analogies with extrasubplacental trophoblast and human extravillous trophoblast[]

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