Description générale de l’espèce
L’octodon, également appelé « dègue du Chili », fait partie de la famille des octodontidés, dans le l’ordre des rongeurs. Il appartient au sous-ordre des hystricomorphes, un groupe qui rassemble notamment les cochons d’Inde et les chinchillas. Originaire d’Amérique du Sud, il vit principalement à l’état sauvage au Chili, où il peuple les steppes sèches et tempérées, souvent à des altitudes comprises entre 1200 et 1800 mètres. Dans ce milieu, il préfère les zones dégagées, délaissant les végétations trop denses qui pourraient lui masquer la vue.
Dans son habitat naturel, l’octodon creuse de larges galeries souterraines. Ces tunnels frais et à la température stable lui servent d’abri pour se protéger tant du froid que de la chaleur. Sa vie souterraine est aussi une nécessité pour éviter ses nombreux prédateurs. La pression humaine se fait également sentir depuis des années, car l’octodon est malheureusement considéré comme nuisible dans les régions agricoles, du fait des dégâts qu’il peut causer aux cultures.
L’octodon ne figure pas dans la liste des animaux domestiques en France. Si sa reproduction est réglementée, il est possible d’en posséder jusqu’à 40 sans certificat de capacité. Sa popularité auprès des passionnés s’explique par sa gentillesse, sa douceur et son intelligence remarquable. Très attachant, il s’apprivoise facilement avec patience et respect.
Caractéristiques physiques
L’octodon adulte mesure entre 13 et 20 centimètres de long. Son poids oscille généralement entre 170 et 300 grammes, selon l’âge, le sexe et la période de l’année. Son corps rond se termine par une longue queue dont l’extrémité forme un pinceau sombre et fourni. Ce pinceau est d’ailleurs très particulier. Chez l’octodon, la queue se détache facilement si un danger survient. Cette amputation naturelle, appelée autospasie, permet à l’animal de semer un prédateur persistant. La zone ainsi dénudée va sécher progressivement, puis finir par tomber. Il faut bien noter que cette partie ne repousse jamais.
La tête de l’octodon est plutôt large et portée par des oreilles arrondies, de taille moyenne, recouvertes de poils très fins. Les oreilles sont très mobiles et dotées d’un ouïe fine. Leur entrée est protégée par de longs poils clairs. Les yeux, noirs et en amande, sont placés de chaque côté de la tête. Cette disposition lui permet d’avoir une vision panoramique sur son environnement, un avantage précieux dans la nature. Autour des yeux, on remarque un cercle clair et des poils très courts. Le museau est presque toujours foncé, et doté d’un excellent odorat. Ce sens très développé lui permet de reconnaître les membres de son groupe grâce à leurs odeurs.
Autour du museau, les longues vibrisses (moustaches) de l’octodon jouent un rôle essentiel. Très sensibles, elles l’aident à s’orienter, y compris dans l’obscurité de ses galeries. L’octodon possède également 20 dents : 4 incisives, 4 prémolaires, et 12 molaires. Toutes poussent en continu, et adoptent une teinte orangée brillante, ce qui est un signe de bonne santé. Des dents trop pâles ou blanches peuvent au contraire indiquer une carence.
Côté pelage, la robe que l’on retrouve à l’état naturel est l’agouti : chaque poil mêle du noir à la base, une bande beige ou brune, et le bout des poils redevient sombre. Il existe cependant, du fait d’efforts de sélection, quelques variantes de couleurs : noir, bleu, crème, blanc, ou encore tacheté.
Pour distinguer les sexes, on observe la distance entre l’anus et le sexe : chez la femelle, tout est très rapproché, chez le mâle, cet écart fait quelques millimètres de plus. Mâles et femelles présentent une protubérance, il convient donc d’être attentif en procédant au sexage, surtout avant la maturité sexuelle qui intervient vite (7 semaines chez la femelle, 12 semaines chez le mâle).
Mode de vie et comportement
Dans son environnement naturel, l’octodon forme de grandes colonies. Ces groupes d’octodons communautaires peuvent vivre jusqu’à 300 individus sur un hectare ! Dans la nature comme en captivité, l’octodon est très grégaire. Pour son bien-être, il est donc indispensable d’adopter au moins deux animaux, voire davantage. En captivité, un groupe de deux à trois octodons est idéal pour leur équilibre.
L’introduction d’un nouvel individu dans un groupe ne doit jamais se faire brutalement. L’idéal est de respecter une quarantaine puis de procéder progressivement sur un terrain neutre. Les femelles peuvent généralement mieux cohabiter ensemble. Les groupes de mâles doivent être surveillés, car des conflits peuvent éclater, surtout à l’adolescence. Il vaut parfois mieux privilégier un mâle castré avec des femelles que de risquer des affrontements. À noter que la stérilisation chez la femelle est une opération complexe, à réserver aux cas particuliers et à réaliser par un vétérinaire NAC expérimenté. La castration des mâles reste plus simple mais non anodine.
L’octodon est diurne, c’est-à-dire actif principalement le jour, mais il arrive qu’il fasse du bruit la nuit : il adapte cependant assez vite son rythme à celui de ses propriétaires. C’est un animal naturellement curieux, malin, agile et très joueur. Son intelligence est souvent soulignée par les propriétaires : il apprend facilement, notamment à reconnaître son nom ou à manipuler des objets de son environnement.
L’octodon développe rapidement un attachement sincère pour ses congénères et pour son humain, surtout si ce dernier respecte ses limites et ses besoins naturels. Il ne faut jamais saisir ces petits rongeurs de force, au risque de se faire mordre. Ils n’apprécient guère d’être manipulés sans consentement, bien qu’il existe parfois des individus réclamant volontiers des câlins ou des caresses.
Habitat et installation
L’enclos idéal pour un ou plusieurs octodons doit être spacieux, sécurisé et stimulant. La volière verticale reste la meilleure option, avec une hauteur permettant de créer des niveaux. La dimension minimale recommandée est de 80 cm de long sur 80 cm de profondeur, pour 100 cm de haut, ou 18000 cm² au sol. Cette surface doit pouvoir être multipliée avec les étages, indispensables pour leur permettre de sauter et grimper à loisir.
L’emplacement de la cage est primordial : préférez un lieu calme mais vivant, à l’abri des courants d’air, du soleil direct et des bruits assourdissants. L’octodon est un explorateur mais déteste les changements brusques. Les matériaux utilisés doivent impérativement résister à ses dents puissantes et persistantes : exit les cages à fond plastique et les éléments en bois tendre, l’octodon les rongerait rapidement, risquant de s’échapper ou de se blesser. Privilégiez les structures en métal, dont les barreaux ne dépassent pas 2,5 centimètres d’écart pour les adultes. Pour les octodons plus petits, ne dépassez pas 1,5 centimètres !
Il est fondamental de fournir de nombreux accessoires en bois sec (noisetier, pommier, poirier), que l’octodon pourra grignoter sans danger. On ajoutera également des plateformes, des tunnels en bois non résineux, et des cabanes pour leur permettre de se reposer. Les bains de sable sont absolument obligatoires : l’octodon y plonge volontiers afin d’entretenir son pelage et réduire le stress. Un grand bocal en verre rempli de terre à chinchilla leur offre un vrai moment de bonheur.
La litière doit permettre à l’octodon de creuser. Utilisez du chanvre ou du lin, en évitant tout ce qui est résineux ou poussiéreux. Il est possible d’ajouter des lamelles de papier sans encre, comme des mouchoirs blancs, pour la construction du nid. Une épaisse couche de litière est recommandée, quitte à installer une grande boîte dédiée si l’espace au sol est réduit. Un minimum de 30 à 50 centimètres de profondeur est à prévoir pour leur permettre de s’épanouir correctement.
Les roues font partie du matériel indispensable. Il est conseillé d’en installer une par octodon. Elle devra toujours être pleine (pas de barreaux ni d’espace vide) et mesurer au minimum 30 centimètres de diamètre pour garantir une utilisation confortable et sans danger pour la queue ou les pattes. Pour l’eau et la nourriture, on privilégie des cachettes variées et des enrichissements pour les occuper. Les biberons d’eau sont idéaux car ils permettent une bonne hygiène.

Alimentation
L’octodon est un herbivore strict et folivore. Il ne mange essentiellement que des végétaux et ne tolère absolument pas le sucre. Son alimentation doit être parfaitement adaptée à ce régime particulier pour écarter toute pathologie, notamment le diabète, pour lequel il est très sensible.
Le foin sera proposé à volonté, de préférence un foin de très bonne qualité, vert et bien sec, pour garantir un bon transit et une usure correcte des dents. L’eau doit être propre et changée quotidiennement. Certains aliments proposés dans le commerce sont adaptés aux octodons et leur permettront d’obtenir assez de calcium. Cela garantit sa santé dentaire. La marque Versele-Laga Crispy Pellet est la plus adaptée à ce jour.
Il est bénéfique de leur offrir un complément à base de feuilles, de fleurs ou de racines séchées. Il convient de ne jamais leur donner de fruits ou légumes (hors légumes feuilles), même en friandises. A la place, vous pouvez proposer occasionnellement une graine de courge ou de tournesol, ou encore un petit morceau de noisette ou de noix. Les friandises commerciales pour rongeurs sont trop sucrées ou grasses et doivent impérativement être écartées.
Santé et prévention
L’octodon est un animal assez robuste, mais il reste sujet à plusieurs maladies courantes. L’une des plus répandues est la malocclusion dentaire, due à un manque de calcium dans l’alimentation. La perte accidentelle d’une partie de la queue est fréquente, et bien que ce ne soit pas mortel, il vaut mieux éviter cela.
Un check-up général (poids, dents, pelage, activité) doit être fait au moins une fois par semaine, en dehors de l’observation quotidienne qui permet de repérer rapidement tout changement de comportement. En cas de souci, il est impératif de consulter un vétérinaire NAC, seul spécialiste capable de diagnostiquer et de soigner correctement l’octodon.
Reproduction et sexage
L’octodon est peu prolifique, mais peut se reproduire toute l’année en captivité. Il atteint sa maturité sexuelle très jeune, parfois dès 8 semaines. Il est donc nécessaire de sexer correctement les petits rapidement afin d’éviter des portées non désirées. La reconnaissance du sexe repose sur la distance entre l’anus et l’appareil urogénital : très courte chez la femelle, bien plus longue chez le mâle.
En captivité, on déconseille la reproduction pour éviter la saturation des adoptions et de possibles abandons. Réserver cela aux éleveurs consciencieux ayant des connaissances suffisantes pour éviter les tares génétiques ou les problèmes de consanguinité récurrents.
Relations avec l’humain
L’octodon tisse rapidement des liens avec ses compagnons humains, à condition d’être respecté. Sa grande intelligence lui permet de comprendre rapidement les rituels du quotidien, d’apprendre quelques tours simples et de venir réclamer de l’attention ou des friandises de façon adorable. Il n’aime pas être manipulé de force, mais adore explorer, mordiller et, s’il le souhaite, grimper sur les mains ou les épaules de son propriétaire.
Certaines personnes sont élues pour recevoir les fameuses léchouilles ou mordillements : il s’agit d’un signe d’attention, pas d’attaque. L’octodon n’est pas toujours le compagnon idéal pour les jeunes enfants, car il demande respect, douceur et patience. C’est un animal attachant, mais qui peut mordre fortement s’il est forcé ou effrayé. Sa vie en groupe lui offre par ailleurs des occasions infinies de jeux et de malice : impossible de s’ennuyer avec une troupe d’octodons dans la maison !
Budget à prévoir
L’octodon, grâce à sa taille modeste, ne représente pas un investissement colossal, mais il nécessite tout de même du matériel de qualité et renouvelé régulièrement. La cage, élément central, constitue la principale dépense initiale, avec parfois plus de 100 euros pour un habitat adapté et sécurisé. Les accessoires et la litière viendront s’ajouter à la note.
Côté alimentation, il faut compter un budget minimum d’une vingtaine d’euros mensuels pour deux individus (foin, granulés, compléments). Prévoir également un peu d’argent pour les soins vétérinaires, qui peuvent être importants en cas de problèmes dentaires. Idéalement, il convient d’avoir un minimum de 500 euros de côté pour pouvoir amortir les frais vétérinaires. N’hésitez pas à répondre à notre formulaire sur les frais vétérinaires chez l’octodon.
En association spécialisée comme Oktodon, l’adoption se fait en échange d’une participation symbolique située autour de 15 à 28 euros par animal selon l’âge, avec obligation de présenter des photos de l’installation prévue.

Spécificités et conseils pratiques
Malicieux, curieux, infatigables explorateurs… Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier l’octodon ! C’est un véritable rongeur social et dynamique, qui fait tout pour égayer le quotidien de ses congénères et de ses humains. L’observer dans un grand espace aménagé est un véritable spectacle et permet de mieux comprendre les subtilités de son comportement, du jeu à l’entraide, en passant par la toilette mutuelle et les courses-poursuites énergiques.
Avant d’adopter un ou plusieurs octodons, prenez bien le temps de vous informer, d’anticiper les dépenses et de prévoir un maximum d’enrichissements pour leur garantir une belle vie, longue et pleine de découvertes à vos côtés !